L’environnement d’un souvenir est rarement un chose précise. Nos mouvements s’effectuent dans un milieu visuel concret qui s’abstrait dans notre mémoire. Je me reporte simplement à la matinée d'aujourd'hui — je suis allé faire le marché : ce souvenir récent peut se résumer en quelques repères photographiques, mais si je m'intéresse aux séquences intermédiaires, situées entre et autour ces “clichés”?
L’aller, les achats, le retour, les escaliers, les rues, bordées d’arbres, les bâches colorées, laissent une impression bien floue : un souvenir coloré, formé de mille détails dont aucun ne ressort particulièrement. S’il ne fait aucun doute que j’ai emprunté des marches, des trottoirs, des rues, traversé des étals de fruits, circulé entre des rangs de lièvres et de faisans suspendus, il est évident que tout cela n’est pas mémorisé telle qu’une caméra fonctionnant de bout en bout l’aurait enregistré. Une grande partie de ce qui est passé dans mon champ visuel n’avait d’autre intérêt que