Comme un dieu de mythologie qui discourt tantôt sous la forme d’une grenouille, tantôt d’un arbre ou d’un taureau blanc, chaque blues me semble proposer, offrir, sa matière sonore afin qu’elle se révèle dans un autre milieu: la vie silencieuse du visible.
La construction musicale est formée de notes, d’accords et de silences, pour autant, elle n'appartient pas tout entière du domaine sonore: la substance qui organise ces éléments sonores, appartient, elle, à un domaine qui ne relève pas exclusivement du son, — non plus d’ailleurs exclusivement de l’image, ou du langage parlé. Elle se tient derrière eux, elle les sous tend d’un battement fulgurant, unique et immédiatement obscurci. C’est une structure, selon un concept que Franck Lloyd Wright considérait comme «la plus grande invention de notre siècle dans le domaine de la pensée». Pour rester lisible, une structure doit comporter un nombre limité d’éléments différents: des pictogrammes sont cherchés à partir de la composition musicale.
Avec les traditions de la décoration, persane, chinoise, islamique…, on trouvera ldes principes proche de ces pictogrammes, jusqu’aux recherches de Klee, pour qui d’ailleurs, la démarche de transposer dans le domaine plastique une œuvre polyphonique est une démarche quasi banale: «dont l’intérêt ne commence qu’en pénétrant plus profondément dans cette sphère de nature cosmique, ou pour suivre l’évolution des nouvelles acquisitions de la composition musicale.»